Pierre-François
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Pierre-François est un homme parfois discret.
Nous avons cependant découvert l'un de ses secrets.
Depuis 2015 il se rend une fois par semaine à Pontarlier durant l’hiver, non pour y placer et faire fructifier ses économies, ni comme beaucoup de Suisses pour y faire ses ‘commis’, mais pour une raison hautement plus noble et totalement en symbiose avec l’esprit qui anime la flamme que le nom de CURCHOD entretient depuis de nombreux siècles.
Il est en effet l’un des 73 000 bénévoles auprès des Restaurants du CŒUR, l’association fondée en 1985 par Monsieur Michel Colucci, plus connu sous le nom de COLUCHE.
Il est également à notre connaissance le seul citoyen helvète à se déplacer au centre des Restos du Cœur de Pontarlier, pour apporter un peu d’humanité et d’aide matérielle à ceux laissés pour compte du grand pays voisin, volontiers donneur de leçons, mais qui se préoccupe surtout de faire prospérer certaines fortunes depuis des décennies, et ferme volontairement ses yeux (à défaut de ses frontières -ce que d’aucuns souhaitent ardemment-) sur la misère vécue au quotidien par une partie croissante de son peuple.
Coluche souhaitait une fin rapide à ses Restos du Cœur.
Leur succès actuel lui resterait certainement sur le cœur, et/ou en travers du gosier, et il s’emporterait encore plus, avec la ferveur et la verdeur que nous lui connaissions, sur la monstrueuse hypocrisie de la mondialisation censée nous amener à un monde meilleur.
L’envie de Pierre-François d’œuvrer pour son prochain, son engagement nous permettent aujourd’hui, au fur et à mesure de la narration des situations auxquelles il est régulièrement confronté, de nous rendre compte à quel point chaque être dans une situation sociale difficile recèle en lui une part de gêne, parfois de honte, souvent de désespoir dissimulée derrière une timidité presque inavouée.
Décrire la misère humaine n’est pas facile, on ne s’improvise pas Victor Hugo ou Emile Zola pour ne citer que ces deux-là.
Nous nous contenterons donc dans ces lignes d’essayer de transcrire l’action modeste effectuée par ces bénévoles que nous côtoyons parfois, ignorant les bienfaits qu’ils procurent spontanément.
Les chiffres sont éloquents :
Pour la 35ème campagne des Restos du Cœur, l’association a accueilli 900 000 personnes dont 30 000 bébés.
Plus de 133 MILLIONS de repas ont été distribués dans les quelques 2 000 centres d’activité, tel celui de Pontarlier (l’un des 11 centres du département du Doubs) centre qui compte en plus de Pierre-François 49 autres bénévoles, qui se sont dévoués pour offrir 23 518 repas pendant l’été 2018 et 17 073 repas en hiver 2019 à 252 bénéficiaires de ce petit coin du département du Doubs.
C’est dire si la misère est grande, et les besoins importants pour y remédier.
Pour ce faire deux collectes nationales sont organisées chaque année, en mars et en octobre (9 à 10 tonnes de marchandises sont récoltées annuellement à Pontarlier).
Une course à pied est organisée au profit des Restos, quelques écoles s’investissent aussi, un loto est organisé pour les enfants à Noël.
Une course à pied est organisée au profit des Restos, quelques écoles s’investissent aussi, un loto est organisé pour les enfants à Noël.
La solidarité en France n’est pas un vain mot…
Mais c’est hélas, un mot trop souvent ignoré des élites…
Les dons financiers sont évidemment aussi les bienvenus quelle que soit l’époque.
L’objectif de l’association est de fournir un repas par jour aux plus démunis en organisant une distribution deux fois par semaine, les lundi et mercredi après-midi durant la campagne d’hiver, une fois par semaine, le mercredi après-midi durant la campagne d’été.
Un nombre de points est calculé en fonction de la quantité des denrées à disposition, en fonction aussi de la composition de la famille et offert aux bénéficiaires qui les utilisent comme bon leur semble.
Ces points s’échangent contre des denrées alimentaires, poisson, viande, légumes, conserves, pâtes, riz, laitages, fromages, desserts etc… issus des collectes et des ‘ramasses’ que d’autres bénévoles se chargent de collecter auprès des acteurs de la grande distribution ainsi que des stocks départementaux.
Non compris dans ces ‘points’, du lait est également donné (un litre par personne) ainsi que des produits sanitaires, y compris les couches pour les enfants de moins de deux ans.
Si ‘la ramasse’ a été bonne ou meilleure encore, les surplus sont immédiatement redistribués, ‘hors quota points’
Chaque mardi à midi le centre organise un repas chaud, des habits sont disponibles, une coiffeuse se met à la disposition de toutes les têtes, blanches, blondes ou brunes.
Une aide administrative de base est également disponible.
Un médecin à Pontarlier assure un suivi médical souvent bienvenu.
Toutes ces prestations sont gratuites
Il n’y a pas d’argent qui circule dans le centre.
Le respect de chacun est exigé, le vouvoiement est en principe de rigueur.
Ainsi, grâce aux bénévoles, au réfectoire, ainsi qu’aux différents services proposés, le centre s’anime et devient un lieu de rencontre et de mixité sociale.
C’est à ça que Pierre- François consacre une part de son temps…