Daniel - Amicale-Curchod

Amicale CURCHOD
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Daniel

Livre d'Or > Hommages
Quelques mots de ses enfants, Carol et Olivier

A notre papa chéri

Papa ovni-présent

Par où commencer quand on a eu une vie aussi riche que celle de notre papa ? De l’Assemblée de paroisse à l’entraînement des Colinettes en passant par le Conseil communal, le ski-club, le tennis, la Talentelle, l’Amicale des Curchod et encore tant d’autres.

Eh oui, on avait l’impression que papa ne savait pas dire non quand il s’agissait d’aider, d’organiser. Il se donnait sans compter pour toutes les sociétés dont il était membre. D’ailleurs quand on était petits, s’il s’absentait, on lui demandait : - Tu vas au « communal » ? car on savait que c’était quelque chose d’important et dans ce cas on ne discutait pas. Du coup, papa avait, pour nous, trois soirs par semaine le Conseil communal.

Papa travaux et voirie

Par contre, le week-end, c’était réservé à sa famille. A la maison, on tentait de l’aider au jardin ou à la tonte du gazon, car il aimait à nous rappeler qu’« à notre âge, il sortait le fumier aux lapins ». En fait, ce qu’on attendait surtout, c’était les voyages hebdomadaires à la tranchée car là-bas on y dénichait des trésors tellement, tellement fantastiques… que le samedi suivant papa les ramenait à la décharge.

Papa ministère de l’intérieur

Quand il n’y avait rien à faire dehors, il emmenait ses « terreux » au vivarium, au zoo de Servion, aux biches à Donneloye. Et après une matinée très active et un bon repas, papa s’installait devant la télé pour regarder les compétitions sportives du week-end.

En fait, il partait pour une bonne traversée de canapé durant laquelle on le taquinait beaucoup. Par exemple, on lui a mis du sel dans la bouche alors que celle-ci était grande ouverte ou encore on rejouait la grande Vadrouille en imitant Louis de Funès et ses bruitages pour faire cesser les ronflements.

Papa d’hiver …et varié

L’hiver, c’était le chalet et le ski. Et en bon leader, casquette vissée sur la tête, il devait toujours être devant. Au bout du compte, c’était peut-être mieux comme ça, car ses « fanfreluches » (c’est encore un de nos petits noms) devaient régulièrement ramasser son couvre-chef et heureusement, moins souvent, ramasser les « morceaux » alors qu’il s’est pris les skis dans un barbelé, a défoncé la barrière du snowpark ou a inventé un itinéraire bis à la piste jaune. « Monsieur Duss, c’est le planté du bâton qui ne va pas ! »

Papa bricol’eau de source

Au chalet comme à la maison, papa c’était aussi Monsieur Bricolage ! Surtout avec les armoires en kit de la grande distribution ! D’après lui, évidemment le mode d’emploi était inutile, enfin c’est surtout qu’il perdait patience à le lire. Résultat, le dessous de l’armoire finissait dessus et vice versa.

Sans compter que chaque fois qu’il devait planter un clou ou visser une étagère, il devait racheter clous, vis, tampons et même les mèches pour sa perceuse. Mais bon, comme il le disait si bien : « il faut avoir les moyens de sa politique » ou « au diable les varices ! »

Papa épicurien et pis Curchod surtout

Eh oui, pas l’avarice comme le dit le proverbe car papa adorait jouer avec les mots. Comme chaque fois qu’on lui disait à demain, il répondait « Pourquoi à 2 mains, une ne te suffit pas ! ». Son sens de l’humour, il l’aura d’ailleurs gardé jusqu’à la fin. Encore cet hiver, alors qu’il ne parlait déjà presque plus, autour d’une raclette, lorsque qqun a demandé les cornichons, il a répondu : « y en n’a pas assez autour de la table ! »

La table, papa en appréciait les plaisirs, mais ce n’est pas grâce à ses talents culinaires qu’il pouvait se sustenter. Le seul plat qu’il se cuisinait était les œufs au plat, car « c’est mieux qu’à la montée » et en fin de compte, « les œufs au plat bourrés de maggi, ça ne peut pas être mauvais. »

Les 2 font le Père

Papa c’était les bons mots, mais aussi les coups de gueule. Au tennis, il se surnommait John McCurchod ! Et ce n’était pas à cause de son toucher de balle légendaire. Encore que… il pouvait se targuer d’avoir battu Stan Wawrinka lors du tournoi… des pommes, compétition qui est née, tout comme son joli nom, de sa propre imagination.

Papa était ce qu’il était, mais il l’était surtout grâce ou à cause de maman. Le Pedzon et la Marie ou la démonstration de l’équilibre par la tension. Jusqu’au bout, il y a eu de l’électricité dans l’air entre eux mais surtout un amour inconditionnel, une force de caractère infaillible qui a permis à maman de s’occuper de papa envers et contre tous.

Alors merci maman pour tout ce que tu as fait pour notre papa chéri.

Le Père et son saint esprit

Une dernière de ses petites citations pour la route : « mieux vaut le vin d’ici que l’eau de là ». Là, tes copains ne seront pas à l’eau, de là où ils t’attendent. Tu retrouveras à coup sûr Ricardo avec une petite topette de Villeneuve, « le bon Dieu en pantoufles de velours » comme il le disait si bien. Vous pourrez peut-être la partager avec le vieux singe en bas d’un téléski. Il y aura aussi certainement Gérard qui t’attendra pour quelques parties de chibre « cœur, ça te va ? » ou de pétanque « Alors, tu tires ou tu pointes ? »

Finalement, papa disait que les seuls qui avaient tout compris lors d’un décès, c’était les Africains, car ils faisaient de ce moment une grande fête et qu’il voulait que ce soit comme ça à son enterrement. Alors tâchons de te célébrer plutôt que de te pleurer puisque c’était ta dernière volonté !


Quelques mots d'Yves

Daniel d'Echallens

Dany, mon grand frère de cœur,

Dany mon petit cousin, petit aimais-tu me répéter en observant nos tailles respectives.

Tant de souvenirs me reviennent en mémoire… toi et moi enfants pendant mes vacances à Dommartin nous jouions ensemble, nos repas étaient pris en commun chez Tante Marie, ta grand-maman et Aloïs ton pépé et mon pépé aussi.

Moi qui n'ai jamais eu la chance d’avoir un vrai grand-père, les miens étaient morts avant ma naissance, alors Aloïs c'était mon pépé tout comme le tien et tu l'as toujours partagé avec moi.

Alois n’a jamais fait de différence entre nous, j’étais si heureux le temps des vacances d’été…

Plus tard j’essayai vainement de te suivre avec mon vélo tandis que tu chevauchais fièrement ton boguet, un Pony je me rappelle, j’ai encore une photo.

Puis ce fut la bande des copains, Willy qui nous abandonna très vite pour nous préférer Elsbeth, son frère Jean-Jacques à qui nous disions Jean-Jy, Roland et Michel Desmeules, nos petits cousins Robert Gindroz, François Mosching et Melune, sans oublier Albert Porchet et quelques autres qui parfois venaient rejoindre notre joyeuse équipe de fêtards.

Tu étais le plus jeune, et moi j'étais encore plus jeune que toi.

Tu m'as entraîné partout, la bande m’a accepté et je n'ai jamais eu l'impression d'être une remorque. J'étais si fier d’être avec vous le temps des vacances d'été à Dommartin.

Plus tard tu m'as fait découvrir la saveur de la pizza au Dôme à Lausanne qui depuis a changé de nom, tu m'as appris à poivrer ce mets dont j'ignorais alors l'existence.

Plus tard encore tu m'as emmené avec la Vauxhall Viva de tes parents Robert et Gritli, mes parrain et marraine qui habitaient la maison aux volets bleus à la sortie de Dommartin, nous allions promener un peu partout au gré des envies des filles que nous emmenions sur les routes suisses.

Le soir, en buvant jusqu’à plus soif, nous faisions d'interminables partie de jass, tu détestais perdre, moi je m'en foutais pas mal, j'étais avec toi que j'ai toujours considéré comme mon grand frère, et tu me répétais ‘je suis ton PETIT cousin’ en lorgnant ma taille. Nous en riions de bon cœur.

Lorsqu’à mon tour j'ai eu une voiture, tu conduisais ma Fiat 850 comme un sauvage, tandis que je faisais souffrir ta Triumph Spitfire, et nous faisions des courses improvisées et dangereuses aux alentours de Dommartin.

Puis il y a eu les mariages, la distance, l'éloignement provoqué par nos vies familiales dissemblables, et soudain par une fraiche fin d’après-midi de septembre, nous nous sommes retrouvés à Vers l'Eglise près de MES chers Diablerets et de TA chère Lécherette, où je campais alors dans une vieille caravane avec ma compagne de l'époque.

Très vite notre complicité a repris le pas sur le temps qui ne semblait alors s’être écoulé qu’au travers de nos enfants respectifs qui étaient déjà majeurs.

Avec ton épouse Marie-Hélène vous m’avez accueilli comme un prince, tu m'as parlé de l’Amicale Curchod, tu ne t’es pas vanté que tu en étais un des membres fondateurs, tu m'as invité à une assemblée générale à Echallens et j'ai immédiatement intégré cette belle association pour laquelle, comme pour tant d'autres tu t'es dévoué corps et âme.

Nous nous sommes revus souvent tantôt dans ma maison en Allier, tantôt sur la péniche où j'habitais à Lyon ou encore au magasin que j'avais ouvert à Villeurbanne.

Ton cœur t’a joué de sales tours, je suis venu te voir et je me souviens particulièrement du soir où je t’ai raccompagné à ta maison du repos sur la Côte, vers Rolle, c’était un dimanche … je m’en souviens comme d’hier, nous avions bu de la bière dans un bistrot avant de nous séparer à regrets.

Puis je me suis installé à Dommartin et souvent nous prenions l'apéritif ensemble, je devrais plutôt dire les apéritifs, tantôt à Echallens chez toi, tantôt dans mon modeste chez moi à Dommartin, tantôt au hasard des bistrots, et dieu qu’ils sont nombreux dans le Gros de Vaud…

Quand tu venais chez moi avec Marie-Hélène, comme par hasard tu avais toujours une bouteille fraiche dans le coffre de ta BMW…

Lorsque j’étais averti de ton passage, je préparais une quiche lorraine, tu adorais ça.

Puis vint cette saloperie de maladie, ton affaiblissement général…

A chacune de nos rencontres, je repartais le cœur meurtri, où était donc ‘mon grand frère de cœur’, où était donc mon PETIT cousin ?

Une fois seul, je pensais que c'était vraiment injuste que tu sois à ce point diminué, toi qui avais œuvré avec tant de zèle pour notre musée, ce musée dont je suis si fier aujourd'hui d’en être le conservateur.

Nous n'avons pas toujours été d'accord sur tout, nous nous sommes souvent opposés, tu avais beaucoup de mal à me confier ‘ton bébé’, mais ces dissensions nous ont permis de progresser et les instants de tension n'ont jamais duré longtemps. Il faut avouer que c'est toujours autour d'un verre que la bonne humeur est revenue, même si les avis n’avaient pas évolué…

Je pourrais encore écrire et écrire tant de souvenirs, tant de choses aussi qu’il nous restait à faire.

Aujourd’hui je suis orphelin dans ce beau musée…, toi parti rejoindre André…

Mon grand frère, mon petit cousin, c'est la première fois que tu me fais une vacherie, c'est la première fois que tu abandonnes ta chère Marie-Hélène, tes chers enfants et tes chers petits-enfants que tu chérissais tant (je t’ai vu faire).

Je ne peux pas t’en vouloir de nous avoir abandonnés, je sais que tu aurais préféré continuer à m’engueuler sur ma façon de gérer TON musée, j'aurais tellement aimé poursuivre avec toi notre belle aventure, l’aventure de cette vie qui t’a été volée.

Désormais il faudra dépasser la tristesse et faire perdurer l’œuvre que tu as créée avec André.

Puisse notre magnifique châtaignier Curchod se souvenir toujours de celui qui l’a planté !

Dany, tu me manques…

Yves
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